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Leadership éclairé

Comment favoriser l’apprentissage, en particulier face au défi

Shelbie Sutherland, Ph.D., M.A., M.A.C.
Shelbie Sutherland, Ph.D., M.A., M.A.C.

Stratège principale et gestionnaire de la pratique

Face au défi, on a tous le choix : abandonner ou persister, que ce soit à l’école, au travail, lors d’une activité physique ou d’une entreprise artistique. La décision que l’on prend repose sur de nombreux facteurs, mais on a déterminé après des années de recherche que le facteur clé est dans quelle mesure la personne considère les capacités comme modifiables. 1 Cette perception a des effets en cascade sur l’engagement en matière d’apprentissage et les réalisations à long terme. On évoque les différentes perceptions comme un état d’esprit de croissance ou un état d’esprit fixe.

Un état d’esprit de croissance est la perspective que l’on puisse développer ses capacités. 1 L’autre perspective, d’un état d’esprit fixe, considère plutôt les capacités et l’intelligence comme des traits immuables. Lorsqu’une personne a un état d’esprit fixe, elle considère que le succès est le résultat de la constitution intrinsèque de la personne et ses piètres résultats dus à ses limites intrinsèques. Un état d’esprit fixe est fondé sur des convictions inexactes et incite la personne à éviter les défis. Un état d’esprit de croissance, à l’opposé, motive la personne à relever les défis, ce qui favorise à nouveau la réussite.

Les parents, les enseignants, les mentors et même les camarades peuvent contribuer à un contexte propice à cet état d’esprit de croissance chez les enfants en créant un cycle de renforcement de soi qui consiste à entreprendre des expériences d’apprentissage plus difficiles et à persister malgré les difficultés. Nous allons voir ci-après de quelles façons commencer à cultiver un état d’esprit de croissance.

Aider les enfants à comprendre le processus d’apprentissage

  1. Discuter de la façon dont notre cerveau change à mesure qu’on acquiert de nouvelles expériences et que nous pouvons influencer la croissance des connexions qui s’y trouvent.

Les chercheurs ont constaté que les enfants à qui on avait enseigné la base d’un état d’esprit de croissance étaient significativement plus susceptibles d’avoir une motivation et des notes plus élevées que des enfants ayant appris des matières et des aptitudes connexes, sans lien avec la malléabilité du cerveau.1,2

Parler du cerveau comme d’un ensemble de cellules appelées neurones qui se connectent de différentes manières. Évoquer l’apprentissage et la pratique comme des moyens de renforcer ces connexions, en expliquant que lorsque les connexions se renforcent, il est plus facile pour le cerveau de reproduire ces connexions plus tard. Et n’oubliez pas, vous pouvez bien sûr entrer plus ou moins dans les détails, en fonction de l’âge de l’enfant.

Aider les enfants à relever des défis

  1. Structurer les tâches comme un moyen d’apprendre et de s’améliorer, et non pour démontrer des capacités

Si l’objectif d’une tâche est d’apprendre et de nous améliorer, nous sommes plus susceptibles d’être motivés et de considérer tout résultat comme un tremplin vers le développement et la réussite. Si l’objectif d’une tâche consiste plutôt à démontrer des capacités et obtenir une approbation, nous sommes plus susceptibles d’éviter les défis et de voir le résultat comme un reflet de nos limites naturelles.

Par conséquent, si un enfant s’acquitte très bien d’une tâche, il faudrait plutôt réagir en disant : « On dirait bien que c’était trop facile pour toi. Voyons maintenant quelque chose de plus difficile pour que tu puisses continuer à apprendre. » Selon le même raisonnement, évitez de réagir en disant « Comme tu es intelligent » ou « Tout te vient naturellement ».

  1. Indiquer que ce n’est pas le talent, mais les efforts et l’élaboration de nouvelles stratégies, qui sont la clé de la réussite.

Féliciter et encourager les comportements d’apprentissage de manière à mettre de l’avant les efforts et l’essai de différentes stratégies. Lorsque vous et les autres mettez en pratique de telles capacités d’apprentissage, faites-le bien remarquer afin que l’enfant commence à les constater aussi dans son environnement. En même temps, évitez d’attribuer la réussite des autres au talent naturel (p. ex., « science infuse », « génie » ou « brillant »).

Faites attention. Certaines personnes n’ont vu qu’une partie de la recherche et se sont concentrées uniquement sur l’éloge des efforts de l’enfant, même lorsque celui-ci ne progressait pas dans ses objectifs d’apprentissage. 3 Cela peut décourager les efforts et amener les enfants à développer un état d’esprit fixe s’ils ne voient pas de résultats. N’oubliez pas que l’apprentissage exige plus que des efforts, il faut souvent essayer de nouvelles stratégies et demander de l’aide.

Aider les enfants à comprendre les expériences difficiles

  1. Décrire les défis comme faisant partie du processus d’apprentissage.

Aidez les enfants à comprendre que si nous ne rencontrons jamais de défis, nous n’apprendrons pas ; ils font partie du processus d’apprentissage. Encouragez-les à utiliser « pour l’instant » lorsqu’ils décrivent leur défi (p. ex., « tu ne sais pas le faire pour l’instant »). Rattachez l’expérience d’une difficulté comme l’indication que leur cerveau travaille sur le renforcement des connexions : les défis sont comme une séance d’entraînement pour le cerveau. Et quand vous voyez un enfant faire beaucoup d’efforts et que vous constatez des marques d’assimilation, prenez acte du défi relevé par l’enfant et de sa préparation pour la prochaine fois qu’il aura une tâche semblable. Dès que la tâche devient facile, encouragez-le à trouver de nouveaux défis pour approfondir son apprentissage.

  1. Montrer comment trouver de nouvelles stratégies et demander de l’aide.

Comme nous l’avons mentionné plus haut, il s’agit d’un élément clé pour favoriser l’apprentissage. Si l’enfant adopte une stratégie fallacieuse, il ne récolte pas le fruit de ses efforts et aura tendance à se décourager. Aider les enfants à prendre du recul après un défi et à essayer différentes méthodes est un moyen qu’on peut mettre en pratique à de nombreuses occasions pour favoriser leur apprentissage s’ils stagnent. Et quand c’est possible, encouragez-les à demander de l’aide aux autres pour trouver de nouvelles stratégies.

  1. Verbaliser les émotions générées par les défis et aider à surmonter ces émotions.

Les difficultés peuvent produire des émotions comme la colère et le sentiment d’être menacé. Vous pouvez aider les enfants à gérer ces émotions en leur montrant que vous les voyez et qu’elles sont normales (et non en les humiliant), en leur enseignant des stratégies pour en prendre conscience dans l’instant (p. ex., se sentir nerveux) et en favorisant une réflexion sur le moment où elles surviennent et pour quelle raison.

Nous vivons tous un jour ou l’autre des moments où notre état d’esprit se fige et prend le dessus sur notre perspective, peu importe nos efforts. Quand on a travaillé dur pour atteindre un objectif et qu’on se sent encore loin de là où on espérait arriver, ou quand on est sur la défensive pour éviter les critiques, on risque de perdre de vue que l’apprentissage est, par nature, une progression. On peut néanmoins repartir vers un objectif d’apprentissage et de développement, pour soi-même et pour ses enfants, et reprendre ainsi le chemin de l’épanouissement.

 

Références

  1. Yeager, D. S., et collab. (2019). Une expérience à l’échelle nationale révèle où une mentalité de croissance favorise la réussite. Nature, no573, p. 364-369.
  2. Blackwell, L. S., Trzesniewski, K. H., & Dweck, C. S. (2007). Des théories implicites de l’intelligence déterminantes pour l’épanouissement tout au long de la transition adolescente : Une étude longitudinale et une intervention. Développement de l’enfant no78, p 246–263.
  3. Dweck, C. S. (2015). État d’esprit de croissance, nouvelle version. La semaine de l’éducation, 35 (5), p 20-24.
Shelbie Sutherland, Ph.D., M.A., M.A.C.
par Shelbie Sutherland, Ph.D., M.A., M.A.C.

Stratège principale et gestionnaire de la pratique

Shelbie est stratège principale chez BEworks. Elle travaille en étroite collaboration avec les clients pour identifier les obstacles psychologiques qui empêchent les gens d’agir dans leur meilleur intérêt et pour concevoir des solutions qui soutiennent la prise de décision et le bien-être général des gens. Shelbie est titulaire d’un doctorat en psychologie du développement de l’Université de l’Illinois et aime penser à créer des contextes pour les enfants afin d’exploiter leur énergie et leur curiosité de manière à soutenir leur bien-être et leur développement.